Feu Nouveau : la revue de référence pour préparer la messe du dimanche!

La célébration en l’absence de prêtre

  • Propositions de déroulements
  • Textes et prières
  • Questions pour un partage autour de la Parole
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La formation

  • Articles de formation biblique et liturgique
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Les lectures

  • Commentaires approfondis
  • Homélie
  • Méditation
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L'attention aux enfants

  • Suggestions pour accueillir les enfants
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La célébration

  • Monitions et prières
  • Chants adaptés
  • Mélodies pour les nouvelles antiennes du lectionnaire
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Exégèse de l’évangile du dimanche 30 décembre (Ste Famille)

Extrait de Feu Nouveau 56/1 (Exégèse de Lc 2, 41-42)

Devant cet épisode évangélique surprenant, diverses attitudes sont possibles et sont en fait celles de bien des auditeurs, dans la culture d’aujourd’hui ; nous aurons à analyser de près ce récit de Luc. Cependant, une première lecture rapide conclura vite à une ‘fugue’ du jeune Jésus, ou même à une velléité d’indépendance : voudrait-il donc se soustraire à l’autorité de ses parents ? Ce qui revient à passer à côté du sens du texte. Au contraire, une autre lecture réagira en soulignant qu’au-delà de l’anecdote, ce texte se montre intéressant parce que surprenant : on s’interrogera alors sur la portée du message exprimé, car elle ne va nullement de soi.
L’évangéliste Luc vise à nous faire entrer, quelque peu, dans le secret de la personne du jeune Jésus, à l’âge de sa ‘bar mitzvah’ : tout Juif de douze ans devient ‘fils de la Loi’ et fait en public une brève lecture de celle-ci. Or rien ne nous est précisé du rituel juif de la Pâque ; mais l’accent porte sur le fait que, à cette occasion, Jésus est resté au Temple à l’insu de ses parents : pourquoi ? Le narrateur suit ici le point de vue des parents et fait voir la scène avec leurs yeux…

Tout lecteur un peu familier de l’Écriture remarquera aisément que Luc s’est servi d’une série d’expressions à forte résonance pascale. En voici les six principales, fort éclairantes :
** les parents et l’enfant étaient donc montés à Jérusalem ; or la Passion de Jésus s’y déroulera ;
** et c’était pour célébrer la fête de la Pâque juive (2,41.42 & 22,1ss et 23,17) ;
** le couple de verbes ‘chercher / trouver’ renvoie au matin de Pâques (24,2.3.5.23) ;
** et ‘au bout de trois jours’ (2,46) fait référence au troisième jour (9,22 ; 18,33 ; 24,7.21.46) ;
** « il faut / je dois être » renvoie au dessein de Dieu (deî en grec : 2,49 & 17,25 ; 24,7.26) ;
** et l’incompréhension des parents (2,50) renvoie à celle des disciples (d’Emmaüs, par ex.)
Autant affirmer clairement que ce récit veut présenter une réflexion fondamentale, qui est prémonitoire du terme de la vie de Jésus ; ceci éclaire bien entendu le sens du texte. Ainsi, lors d’un premier pèlerinage suivant la coutume, Jésus est resté (hypo-menô en grec v.43) à Jérusalem, lorsque la caravane de Galiléens repartait vers le Nord du pays. Et l’on peut repérer nettement deux tableaux principaux (H.Cousin), qui vont requérir toute l’attention des auditeurs :

/1/ Jésus est présenté assis au milieu des docteurs de la Loi (v.46), et non pas à leurs pieds selon la coutume des disciples en ce temps-là. Jésus écoute et pose des questions : on pense aujourd’hui à un dialogue interactif… Il a ainsi besoin d’apprendre et d’interroger. Il nous est dit ensuite que, devant l’intelligence et les réponses du jeune Jésus, les interlocuteurs s’extasiaient (ex-istêmi en grec v.42), ce verbe exprimant à la fois étonnement et stupeur ! Ce qui est en consonance, soulignons-le, avec le refrain de croissance à la fin de cet épisode (v.52).
/2/ Le vrai ‘centre’ du récit reste cependant la réponse de Jésus à la plainte et aux reproches de ses parents, dont on nous précise qu’ils étaient ‘tout angoissés’, qu’ils avaient ‘souffert’, en allant à sa recherche. Au ‘pourquoi’ mineur de sa mère (ti ? v.48), vient faire écho le ‘pourquoi’ majeur de Jésus (ti ? v.49)…(Fr.Quéré) « Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être ! » Telle est la première parole de Jésus selon les Évangiles : elle parle directement du Père, tout comme sa dernière parole en croix (Lc 23,46) ; et ceci n’est nullement un hasard !

Si cette réponse est assurément rude, elle fait en quelque sorte, dans le Décalogue, passer du 5e commandement (‘honorer ses parents’) au 1er (‘servir Dieu seul’) ; on voit que s’amorce une prise de distance de Jésus dans ses rapports familiaux, qui connaîtra plusieurs autres étapes. Mais la délicatesse de Luc va conclure tout ce récit par quelques brèves notations judicieuses, qui éclairent les lecteurs et montrent tout le chemin de foi sans cesse à parcourir, y compris pour sa mère Marie :
-  les parents de Jésus ne comprirent pas ce qu’il voulait dire, au juste (v.50)…
-  Jésus, revenu avec eux à Nazareth, leur était soumis ou dévoué (v.51a)…
-  Marie gardait tous ces événements, dans son cœur de mère (v.51b)…
-  enfin, Jésus grandissait en sagesse, en taille, en grâce (v.52)…

Il apparaît nettement que le ‘secret’ de la personne de Jésus ne peut encore que se pressentir et s’entrevoir, dans un tel récit pourtant révélateur. Mais il s’agit pour nous de réaliser qu’un chemin de foi ne se vit que peu à peu, même pour Marie : pour trouver Jésus et pour comprendre qui il est, il faudra à tous et toutes parcourir le long chemin de sa Pâque à Lui : il montera à Jérusalem, toujours en fidélité à la volonté de son Abba-Père. La vraie intelligence du dessein du Dieu de l’Alliance (Lc 24,25-26 : disciples d’Emmaüs) demande sans cesse un approfondissement patient, au fil des événements de la vie ! Nous ne comprenons jamais tout d’un coup ; nous ne maîtrisons pas tous les événements, parfois surprenants, de nos vies. Luc souligne joliment que Marie, la mère de Jésus, n’a rien forcé : elle a accepté son mystère filial et s’en est entièrement remise à Dieu !
Pierre Mourlon Beernaert



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