Exégèse de la seconde lecture du dimanche 10 février
Extrait de Feu Nouveau 56/2
1 Co 15,1-11
Après avoir mis les choses au point sur les charismes, leur relativité et leur subordination à l’agapè (chap. 12–14), Paul aborde un nouveau sujet en reprenant les choses depuis le début, depuis les fondamentaux : la mort du Christ pour les péchés de tous et sa résurrection (v. 3-5). Ce rappel est certainement important à ce stade, puisqu’il va s’agir de la résurrection des morts (v. 12-34) et de leurs corps (v. 35-47).
C’est cette annonce de la mort et résurrection du Christ qui est au centre de la bonne nouvelle annoncée par Paul. L’oublier équivaudrait à avoir cru en vain (v. 2). Le rappel de Paul est très bien construit en deux phrases parallèles, l’une insistant sur la mort, l’autre sur la résurrection :
Christ est mort … selon les Écritures. Il a été enseveli
Il est ressuscité … selon les Écritures. Il est apparu…
À chaque fois deux verbes soulignent la réalité de l’événement qui accomplit l’annonce qui en est faite par l’Écriture. La réalisation de ces événements fondamentaux pour le chrétien est ainsi située sous le sceau d’une double autorité, celle de l’Écriture, mais aussi celle des témoins des événements : Céphas, les Douze, cinq cents frères, Jacques, tous les apôtres, et Paul lui-même. Ainsi, un mouvement se dessine du passé, vers le présent et l’avenir, dont le dynamisme n’est autre que la mort et la résurrection du Christ, source de vie pour la communauté.
Cela dit, ceux qui reçoivent le témoignage de la tradition transmise par Paul pourraient se croire moins chanceux que ces premiers témoins, tandis que ceux-ci pourraient tirer gloire de ce qu’ils ont vu. Est-ce en effet voir le Ressuscité qui donne la vie, ou croire en lui, croire en la possibilité d’une vie plus forte que la mort ? C’est ce que suggère sans doute la curieuse mention du fait que, des cinq cents frères auxquels le Ressuscité est apparu, certains sont encore vivants alors que d’autres sont morts. Cela indique que l’ici-bas est marqué par le provisoire et l’attente, car actuellement seul le Christ est ressuscité, mais aussi que de nombreux témoins encore en vie peuvent attester, avec les autres, la réalité de l’espérance chrétienne.
Parmi les témoins, en bout de chaîne, se trouve Paul lui-même, « l’avorton », une auto-présentation qui a fait couler beaucoup d’encre. Au fond, Paul ne veut-il pas simplement souligner que Dieu peut se servir de ce qu’il y a de pire dans l’humanité (il a persécuté l’Église de Dieu, v. 9b) pour œuvrer à son dessein de vie, et que tout homme est capable de revenir du chemin des méchants (cf. Ps 1,1) pour se mettre au service de la vie, la sienne et celle des autres ?
Elena Di Pede