Exégèse de l’évangile du dimanche 9 décembre
Extrait de Feu Nouveau 56/1
Exégèse Luc 3, 1-6
Après les deux premiers chapitres qui racontent les événements de la naissance et de l’enfance de Jésus et de son cousin Jean, le chapitre 3 de l’évangile de Luc présente l’activité de prédication de Jean le Baptiste, qui précède directement le début du ministère public de Jésus. Jean le Baptiste est déjà un personnage connu du lecteur du troisième évangile : sa naissance a été annoncée par l’ange Gabriel lui-même à son père, Zacharie, dans le temple (1,5-25). Au moment de la naissance de Jean, Zacharie a prophétisé au sujet de la mission de l’enfant : il sera appelé « prophète du Très-Haut » et préparera les chemins du Seigneur. Autrement dit, il préparera l’avènement du règne de Dieu (1,57-79). Après une brève mention de la croissance de Jean (1,80), suivie par le récit de la naissance et de l’enfance de Jésus (2,1-52), le récit fait un bond de plusieurs années pour retrouver Jean, devenu adulte.
Cette nouvelle étape du récit est introduite par une longue notice chronologique qui date les événements par rapport aux autorités temporelles de l’Empire romain et du monde juif, et relativement aux autorités spirituelles, à savoir les grands prêtres de Jérusalem. Curieusement, tant l’empereur romain que les souverains juifs et les grands prêtres sont cités les uns après les autres, dans une longue énumération qui les met, en quelque sorte, tous sur le même plan : tous, en effet, s’opposeront à la mission de Jésus.
La mention de Jean, dans le désert, apparaît comme en opposition à cette longue énumération des autorités temporelles et religieuses. Jean est seul. Il vit au désert. Pourtant, c’est à lui, l’obscur, que s’adresse la parole de Dieu. Alors Jean quitte sa retraite et s’en va dans la région du Jourdain pour proclamer « un baptême de conversion en vue du pardon des péchés » (3,3). Son ministère est décrit à l’aide d’une citation explicite du prophète Isaïe (Is 40,3-5) légèrement abrégée.
Or dans le livre d’Isaïe, cette citation se trouve au début de la deuxième partie du livre, qu’on appelle le deuxième Isaïe (Is 40 – 55). À l’époque de la rédaction de ces lignes, c’est avant tout le retour d’exil qui est annoncé, la fin de la captivité à Babylone et le retour à Jérusalem.
Plus tard, ces mêmes lignes seront relues pour évoquer l’avènement du jour du Seigneur, jour de joie pour tout Israël. Au début de l’évangile de Luc, le jour du Seigneur advient, et Jean en est le précurseur, comme cela avait été annoncé lors de sa naissance. C’est ce que veut exprimer l’évangéliste en citant ces versets d’Isaïe pour évoquer le ministère du Baptiste.
« Tous verront le salut de Dieu » (3,6). En terminant la citation d’Isaïe sur ces mots, Luc marque que le jour du Seigneur sera un jour de salut pour tous et pas seulement pour la maison d’Israël. Le thème de l’universalité du salut est, en effet, un thème cher à Luc qui écrit sans doute pour une communauté composée essentiellement de païens convertis.
Catherine Vialle