Exégèse de la première lecture du dimanche 7 avril
Exégèse de Ac 5,12-16
Extrait de Feu Nouveau 56/3
Aussitôt racontée la chute d’Ananie et de Saphira (Ac 5,1-11), Luc rapporte comme en contrepoint un dernier sommaire sur la communauté de Jérusalem (Ac 5,12-16). Après le mensonge dont le couple s’est rendu coupable, ce troisième tableau (cf. Ac 2,42-47 ; 4,32-35) met au contraire en valeur la crainte révérencielle dont sont entourés les Apôtres, Pierre en premier lieu, et la vénération dont la communauté tout entière fait l’objet.
« Tout le peuple faisait leur éloge » (v. 13) ou, plus littéralement « les exaltait ». C’est le verbe du Magnificat (Lc 1,46 : « mon âme exalte (megalunein) le Seigneur ». Cf. Lc 1,58 et le substantif tiré du verbe désigne « les merveilles de Dieu » (megaleia) entendues par tous dans leur propre langue au jour de la Pentecôte (Ac 2,11). Ainsi la première communauté est-elle présentée comme une nouvelle œuvre de Dieu, qui attire sur elle la louange du peuple. Luc prend d’ailleurs bien soin de noter que tous -et pas seulement les disciples- peuvent bénéficier « des signes et des prodiges » qui s’accomplissent par la main des apôtres.
Pourtant, l’initiative de se joindre à la communauté ne vient pas des foules elles-mêmes : c’est le Seigneur lui-même qui est à la source de l’accroissement de l’Église, que le narrateur ne cessera de signaler tout au long de son livre (Ac 2,41.47 ; 4,4 ; 5,14 ; 6,7 ; 11,21.24 ; 21,20). L’Ancien Testament présentait déjà l’accroissement du peuple comme un signe de bénédiction divine. Les prophètes en annonçaient la réalisation lorsque viendraient les derniers jours (Jr 3,14-17 ; 23,3). Ceux-ci désormais advenus, l’Église ne cesse de grandir.
Ce dernier sommaire des Actes rappelle opportunément que les croyants sont caractérisés par leur attachement au Seigneur. Voilà un point qui n’a rien perdu de son actualité.
Jean-François Baudoz