Homélie pour le dimanche 25 août
21e dimanche C Extrait de Feu Nouveau 56/5
Mondialisation ?
Les derniers qui sont les premiers, ce n’est pas vraiment dans l’air du temps. Qu’il s’agisse des enjeux économiques ou des compétitions sportives, l’objectif est de marquer des points, des buts, des dividendes, d’être le plus fort ou en tout cas de dépasser l’autre. La mode est à la performance et elle touche le monde entier, au détriment des plus fragiles.
Cependant, le développement des communications, qui fait qu’aujourd’hui le monde est un village, offre une nouvelle chance à l’Evangile. Amenés à se côtoyer dans tous les domaines, les humains peuvent bien sûr s’opposer et se faire la guerre, mais ils ont surtout la possibilité de se découvrir, de s’apprécier et de se rendre compte qu’ils forment une seule humanité. Au-delà de toute frontière, ils sont confrontés aux mêmes défis et appelés à un avenir commun.
Ce rêve d’une humanité fraternelle était déjà celui du prophète Isaïe. Il annonçait le retour de l’exil et le rassemblement à Jérusalem de toutes les nations, y compris les plus éloignées. Dans la diversité des peuples et des langues, on choisirait même des prêtres et des lévites pour le service du Temple. Il convient bien entendu de transposer tout cela vers la Jérusalem céleste, le Royaume de Dieu dont parle Jésus.
Voilà la bonne nouvelle de ce jour. La proximité de Dieu n’est pas réservée aux premiers appelés, les Juifs, mais à tous les hommes et femmes du monde entier. Quelle que soit leur nation, leur langue, leur couleur, leur culture, tous peuvent entendre le Seigneur qui les invite à sa table. Cet appel nous a été transmis à travers l’espace et le temps, et même si nous sommes parmi les derniers et même si c’est à la dernière heure de notre vie que nous y répondons, Jésus nous dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire et que nous pourrions même avoir une des premières places aux côtés du maître de maison.
L’exigence de conversion
L’invitation universelle au festin de Dieu se double d’une exigence. Comme dans les compétitions sportives, il ne suffit pas de frapper à la porte pour pouvoir participer. L’entrée n’est pas automatique. Il y a un entrainement nécessaire, un effort à fournir, une responsabilité à prendre. Il ne suffit pas de dire « Seigneur, Seigneur », il faut faire la volonté du Père. Il ne suffit pas d’être venu à la messe - « nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné chez nous » -, la réponse pourrait être : « éloignez-vous de moi, vous qui faites le mal »...
Le critère de participation n’est donc pas l’appartenance à un pays, une culture, une religion ou à Dieu sait quel genre de groupe humain. La seule exigence, c’est d’avoir fait le bien. « Ce que vous avez fait au plus petit, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Cela, c’est la responsabilité de chacun. Nous pouvons donc nous interroger, et nous laisser convertir... Comme assemblée de ceux qui mangent et boivent en présence du Seigneur, que faisons-nous de son enseignement, et – pour reprendre l’expression de la lettre aux Hébreux – des leçons qu’il nous donne ?
Sommes-nous suffisamment signes de l’ouverture à tous du Royaume de Dieu ?
Sommes-nous chacun assez attentifs à éviter le mal et assez responsables du bien qui est à faire en ce monde ?
René Rouschop